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Classifications par âge des applis : faut-il s’y fier?

Les classifications par âge des applis sont parfois trompeuses. Points à surveiller et précautions à prendre pour protéger vos ados.

Avant de mettre des appareils électroniques entre les mains de leurs enfants, les parents prennent souvent des précautions pour assurer leur protection dans l’espace numérique, comme l’installation de contrôles parentaux ou la vérification des évaluations ou des classifications des applis. De fait, une enquête nationale menée auprès d’adultes aux États-Unis a constaté que deux parents sur trois se fient aux classifications par âge des applis pour juger si elles sont sûres et appropriées pour leurs enfants.

Le dernier rapport du Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) – un organisme de bienfaisance national voué à la protection de tous les enfants – constate que ces classifications pourraient donner des indications trompeuses et compromettre la protection des enfants et des adolescents.

Le CCPE a créé plusieurs comptes dans les deux plus grands magasins d’applications – l’App StoreMD d’AppleMD et Google PlayMD – sous des profils d’enfants de 11 et 13 ans pour vérifier s’ils avaient la possibilité de télécharger certaines applis. Le rapport constate que l’App Store d’Apple, dont le slogan est pourtant « L’App Store, un lieu sûr pour les enfants », ne fait rien pour empêcher les adolescents (13-17 ans) de télécharger des applis inappropriées pour leur âge. Du côté de Google Play, de récentes améliorations permettent désormais de mieux contrôler le respect des classifications par âge des applis chez les adolescents, mais elles sont faciles à contourner.

CE QU’IL FAUT SAVOIR

En 2021, Cyberaide!ca MD – la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation sexuelle d’enfants sur Internet – a enregistré une augmentation de 37 % des signalements de cyberviolence sexuelle envers des adolescents. Certains des incidents rapportés mettent en cause des applis faciles à obtenir.

Dans le rapport intitulé Analyse du contrôle du respect des classifications par âge des applis, les analystes du CCPE font état de graves problèmes de sécurité qui devraient inquiéter les parents :

  • Les classifications par âge des applis diffèrent entre Apple, GoogleMD et les conditions d’utilisation des applis.
    • Par exemple, YouTubeMD est classée 17+ dans l’App Store d’Apple, mais 13+ (« Adolescents ») dans Google Play et 13+ dans les conditions d’utilisation de YouTube.
  • Le respect des classifications par âge des applis n’est pas systématiquement contrôlé.
    • Dans l’App Store d’Apple, les adolescents de 13 ans pouvaient télécharger des applis classées 17+ en « confirmant » simplement, par un clic sur un message contextuel, qu’ils étaient âgés de 17 ans, et ce même si Apple savait déjà que la demande provenait d’un compte configuré pour un utilisateur âgé de 13 ans.
  • Lorsqu’un enfant ou un adolescent recherche des applis, il se fait souvent présenter des suggestions d’applis classées pour des utilisateurs plus âgés que le titulaire du compte.
    • Une recherche pour YuboMC dans Google Play sous le profil d’un enfant de 11 ans faisait apparaître les applis recommandées « 3Fun : Threesomes Couples Dating » et « Chatous : 18+ Live Video Chat ».
  • Il était possible de se procurer des applis de type chatroulette dans Google Play et dans l’App Store d’Apple, même si Apple avait déclaré e 2010 qu’elle se réservait le droit de les retirer de son magasin.
    • Une recherche pour « chatroulette » dans l’App Store d’Apple sous des profils d’utilisateurs de 11 et 13 ans renvoyait de nombreuses applis, dont « Chat for Strangers: Video Chat », « Juice Live: Adult Video Chat » et « Showme; Random Video Chat ».
  • Les deux magasins d’applications mobiles manquaient de transparence dans leur manière d’attribuer les classifications par âge, et les descripteurs de contenu diffèrent entre les deux magasins.
    • Dans l’App Store d’Apple, la fiche de YouTube présente plusieurs descripteurs de contenu, dont « Scènes rares/modérées à caractère sexuel et de nudité » et « Scènes fréquentes/intenses réservées aux adultes (suggestives) », tandis que dans Google Play, les descripteurs sont « Les utilisateurs interagissent » et « Achats numériques ».

Conseils aux parents

Tant que les gouvernements et l’industrie n’interviendront pas pour réglementer l’espace numérique, les applis que les enfants et les adolescents utilisent tous les jours continueront de les exposer à des risques de violence sexuelle. Voici quelques précautions utiles :

  • Vérifiez les paramètres du compte associé au magasin d’applications pour savoir quelles applis votre enfant peut voir.
    • Dans Google Play, les paramètres par défaut sont « Adolescents » pour les applis et les jeux, 14A pour les films et 14+ pour les émissions, quel que soit l’âge de l’utilisateur.
      • Pour modifier ces paramètres, cliquez sur la flèche déroulante à droite de « Contrôles », puis à nouveau sur la flèche déroulante à droite de « Applis et jeux ».
  • Vérifiez si les contrôles parentaux sont activés sur l’appareil de votre enfant.
    • L’App Store d’Apple offre un contrôle parental pour les plus de 13 ans lorsque l’identifiant Apple de l’adolescent est configuré par un parent dans la section Partage familial. Toutefois, les jeunes de 13 ans et plus n’ont qu’à cliquer sur « Arrêter d’utiliser le partage familial » dans les paramètres de l’appareil Apple pour télécharger des applis sans autorisation parentale
    • Du côté de Google, si le compte d’un enfant a été créé avec Google Family Link, l’enfant pourra dès l’âge de 13 ans décider s’il souhaite ou non maintenir la surveillance parentale. Nous conseillons aux parents de passer les paramètres en revue avec leurs ados pour veiller à ce qu’ils soient protégés.
  • Lisez les descriptions des applis, car les classifications ne sont pas uniformes d’un magasin à l’autre.
    • Par exemple, les applications VSCOMD et Facebook MessengerMC sont classées 12+ dans l’App Store d’Apple, mais « Tous » dans Google Play.
    • Les évaluations des applis donnent aussi une bonne idée de ce qui s’y passe. S’il y a beaucoup de conversations à caractère sexuel ou si les jeunes se font demander des photos, il en sera peut-être fait mention dans les commentaires.
  • Rappelez à vos enfants que s’ils téléchargent une appli qui présente du contenu inapproprié ou qui les met mal à l’aise, ils peuvent vous en parler sans craindre de s’exposer à des conséquences ou de perdre leurs privilèges numériques.
    • Tout acte de cyberviolence sexuelle doit être signalé à Cyberaide.ca.

On peut lire le rapport intégral à protegeonsnosenfants.ca/classifications_par_age.